Après cinq mois d’un feuilleton interminable, Nicolas Sarkozy a enfin annoncé le remaniement du gouvernement. Cinq mois de perdus de plus pour un remaniement a minima qui ne changera rien et aura encore démontré toute la petitesse du président.
Un scénario ridicule
On pouvait s’attendre au maintien de François Fillon, comme je l’avais indiqué il y a tout juste un mois, car les autres hypothèses avaient chacune de grandes limites. Alors, pour donner une impression de surprise au renouvellement du Premier Ministre, le président a eu recours à tout un tas d’artifices qui semblent assez dérisoires aujourd’hui. Il a laissé fuiter une liste de successeurs potentiels dont la majeure partie n’étaient pas crédibles (Michèle Alliot-Marie, Bruno Le Marie ou François Baroin).
Dans la dernière ligne droite, nous avons eu droit à l’hypothèse Jean-Louis Borloo, annoncé à 99% sûr à Matignon. Il apparaît aujourd’hui pour ce qu’il était : un leurre destiné à entretenir le suspens, un moyen scénaristique d’entretenir l’intérêt de ce mauvais feuilleton. Pire, pour essayer de surprendre, la seule nouveauté qu’a trouvé l’Elysée a été d’effectuer la transition un week-end (une première) et de laisser la France quelques heures sans premier ministre.
Comment ne pas trouver navrant de voir le remaniement réduit à de telles mesquineries ? Alors que la tradition veut qu’un premier ministre reconduit soit renommé immédiatement, les quelques heures de latence, destinées à bien montrer qui est le chef, illustrent une nouvelle fois le côté bêtement enfantin de celui qui n’est décidemment qu’un petit président. Pire, comment imaginer que cela n’a pas affecté le travail du gouvernement pendant ces cinq derniers mois ?
Un petit remaniement
La composition du gouvernement est finalement tout sauf révolutionnaire. Beaucoup de ministres restent en place (Brice Hortefeux, Christine Lagarde, François Baroin, Luc Châtel, Bruno Le Maire, Valérie Pécresse). Les principaux nouveaux arrivants étaient annoncés de longue date. Le fait que ce soit des revenants, Alain Juppé et Xavier Bertrand, montre le caractère limité de ce remaniement. Le maire de Bordeaux est le principal poids lourd venu renforcer l’équipe en place.
Le ministre du travail, de l’emploi et de la santé est exfiltré après un travail peu convaincant à la tête de l’UMP pour être remplacé par un Jean-François Copé qui a réussi à obtenir la tête du parti présidentiel, le poste idéal pour préparer 2017… il est difficile de ne pas voir dans la majorité des nouveaux arrivants un souci cosmétique de représentation des femmes, des minorités visibles ou du centre.
Les départs ne surprendront personne non plus. L’ouverture n’est plus. Après Martin Hirsch et Alain Joyandet, Fadela Amara et Bernard Kouchner, très contestés, quittent le navire gouvernemental. Ne subsiste plus qu’Eric Besson. Le sacrifice d’Eric Woerth montre que Nicolas Sarkozy peut céder à la pression extérieure. Le départ de Jean-Louis Borloo est assez logique : après avoir espéré Matignon, il lui était sans doute difficile de rester seulement ministre.
Au final, jamais nous n’aurons autant parlé pendant aussi longtemps d’un aussi petit remaniement. Non seulement le nom des ministres n’a guère d’importance dans cette présidence, mais en plus, les changements sont limités. Beaucoup de bruit pour rien.
Laurent Pinsolle